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Un outil synonyme de succès ou un fardeau ? Lundi 11 novembre, dans les premières minutes de la cérémonie d’ouverture de la 29e Conférence des parties sur le climat (COP29), Sultan Al-Jaber, le président de la COP28, a transmis le marteau qui scelle les grandes décisions à son successeur, l’Azerbaïdjanais Mukhtar Babayev.
Un an après avoir réussi à inscrire – pour la première fois dans un texte de la diplomatie climatique – les termes de « sortie des énergies fossiles », les 198 parties ont maintenant jusqu’au 22 novembre, soit douze jours, pour se mettre d’accord sur un montant de financement afin d’aider les pays en développement à réussir leur transition « verte ». « Nous savons que ces négociations sont complexes et difficiles », a prévenu d’emblée M. Babayev.
Quelques heures plus tard, pour lancer sa conférence sur de bons rails, la présidence azerbaïdjanaise faisait déjà résonner le marteau, en adoptant des règles censées mieux encadrer une partie de l’article 6 sur les marchés carbone. Une stratégie identique à celle des Emirats arabes unis, qui avaient concrétisé le fonds « pertes et dommages » dès les premières heures de leur COP.
Serpent de mer des négociations climatiques depuis l’accord de Paris, l’article 6 a laissé se développer des marchés carbone sans normes internationales assez solides, selon plusieurs études qui ont montré l’inefficience de nombreux projets. Jugé trop souple par l’Union européenne (UE) et de nombreux pays en développement, le projet de réglementation et de standardisation proposé en 2023 à la COP28 avait échoué.
Lundi soir, les parties ont avalisé un texte qui fixe des procédures autour de l’article 6.4, en confiant à un organisme des Nations unies le soin de superviser les échanges de crédits carbone entre pays ou entreprises. La société civile a dénoncé un passage en force, pointant notamment l’organe de supervision de l’article 6.4, un petit comité technique qui mettra en œuvre les règles « sans l’avis des Etats », selon le Center for International Environmental Law (CIEL). « Cela contourne la capacité des Etats à discuter, et encore plus à réviser, les normes avant leur entrée en vigueur », a estimé Erika Lennon, avocate au CIEL. Le reste de l’article 6, notamment le 6.2, qui régit les transactions entre pays, reste au menu des négociateurs.
Les organisateurs tenaient trop à afficher une première victoire au début de cette COP très périlleuse. Lors de la première journée, la présidence azerbaïdjanaise s’est d’abord mise dans les pas des scientifiques alors que l’Organisation météorologique mondiale a sonné, lundi, l’« alerte maximale », en expliquant que l’année 2024 dépassera, pour la première fois, 1,5 ᵒC de réchauffement climatique, soit le seuil le plus ambitieux de l’accord de Paris adopté en 2015.
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